LE POIDS DES ASSOCIATIONS



Création le 18 mars 2009


Quis ?
Les marées vertes sont des productions massives d’algues vertes du type ulve, immergées dans des eaux de faible profondeur et échouées en haut de plage, sur des dizaines et même des centaines d’hectares sur certains sites. 60 000 m3 d’algues fraîches sont ramassées chaque année sur une soixantaine de communes.


Cette algue n’est plus fixée et grandit à la périphérie jusqu’à plus de 20% de sa masse par jour, se déchire avec les vagues ou les courants, et se développe encore à partir de chaque fragment.

Quid ?
Avec la réduction du coefficient de marée, d’immenses quantités d’algues ne sont plus touchées par la mer. Elles pourrissent en haut du littoral en dégageant du H2S qui, par inhalation, a tué des chiens, et gravement incommodé des conducteurs d’engins chargés de leur ramassage, au point que l’un d’entre eux a été plongé dans le coma pendant quatre jours et hospitalisé pendant des mois. Un coureur à pied a été retrouvé mort dans un lit d’algues vertes en décomposition en 1989. Par ailleurs, les algues fraîches produisent des substances osméo-protectrices qui permettent la survie dans la mer de germes bactériens issus des rivières. Les marées vertes privent d’oxygène les espèces animales au point d’en faire mourir en grand nombre.


Enfin, les activités touristique et récréative pâtissent de cette forme de pollution du littoral breton.

Ubi ?
Ce phénomène se produit dans les grandes baies peu profondes, bien éclairées, protégées et peu brassées, de préférence au printemps et en été. Toutefois les marées vertes tendent à se produire même en décembre ou janvier si le temps est ensoleillé.
Les baies de Douarnenez, Lannion et Saint-Brieuc en sont les points chauds.

Quibus auxiliis ?
Cette prolifération d’ulves est provoquée par les excès d’engrais azotés de l’agriculture conventionnelle. Dans les eaux peu profondes des baies, très bien éclairées, et relativement chaudes, il suffit de peu de nitrates pour doper la croissance exponentielle de cette algue très opportuniste. Ce sont les rivières côtières qui charrient ces nitrates à partir du lessivage des terres agricoles.

Cur ?
Sous prétexte de sortir la Bretagne de son sous-développement économique, le bocage breton a été saccagé. Les talus ont été arasés, les haies arrachées, les rivières rectifiées, les terres drainées. Des plantes, très polluantes comme le maïs, se sont généralisées grâce à des subventions directs ou indirectes. Voilà comment a été rendu possible le lessivage des terres agricoles et le transport par l’eau de tous ces pesticides et de ces éléments nutritifs, dont l’azote, jusqu’à la mer.

Quomodo ?
Ces apports de nitrates dans la mer à partir des rivières sont la conséquence d’une politique laxiste des autorités préfectorales des départements bretons, surtout ceux du Finistère et des Côtes d’Armor.

Alors que la loi sur les installations classées et la loi sur l’eau n’ont pas été respectées, ceux qui avaient mission de les mettre en œuvre, n’ont jamais sanctionné les pollueurs. Des dépassement d’effectifs animaux ont été tolérés, alors que n’était imposée aucune mesure de traitement correspondant à ces déjections supplémentaires. Par ailleurs, parallèlement à ces épandages, les apports d’engrais chimiques n’ont jamais cessé. D’où la saturation en azote des terres bretonnes. Même chose pour le phosphore et les pesticides.


C’est cette politique qu’a condamné le Tribunal Administratif de Rennes le 25 octobre 2007, à la requête de quatre associations : De la Source à la Mer, Halte aux Marées Vertes, Sauvegarde du Trégor et Eaux et Rivières de Bretagne.

Quando ?
La pollution du littoral breton par les marées vertes dure depuis la fin des années soixante, au moins dans les baies de Lannion et Saint-Brieuc. Depuis quarante ans, malgré les sommes colossales engagées par l’Etat et les collectivités locales, ce que n’a pas manqué de souligner la Cour régionale des Comptes en 2002, aucun plan de reconquête de la qualité de l’eau en Bretagne n’a abouti. 


Pour mémoire, les collectivités locales dépensent chaque année 500 000 euros pour le ramassage des marées vertes. Faut-il penser que les pouvoirs publics envisagent désormais la pérennité des marées vertes, quel qu’en soit le coût, plutôt que d’exiger que la loi s’exerce à l’encontre de tous ceux qui polluent l’eau en Bretagne ?


Yves-Marie Le Lay, Président de Sauvegarde du Trégor.
Jean-Yves Quemener, Président de Force 5